Nous vivons une époque moderne ou, d’un coup d’aile on peut se retrouver deux jours à Venise pour une poignée d’Euros.
Là nous sommes aimantés, comme chaque fois, par un lieu hors du temps :
La scuola di san Giorgio degli Schiavoni et son cycle de peintures de Vittore Carpaccio :
« Saint Georges terrassant le dragon »
Imaginez un paysage d’orient rêvé comme on savait en faire au XVème siècle
En toile de fond des édifices tout droit sortis de l’imagination fertile du peintre.
Au premier plan, un dragon féroce mais embroché et à l’autre bout de la lance un jeune homme déterminé caracolant sur un immense cheval brun.
Derrière lui une petite sainte Trébizonde (eh oui la pauvre elle s’appelait comme ça !) encore très coquette pour une qui a manqué de se faire boulotter par le monstre…
A Venise on sait rester digne !
Mais surtout juste à hauteur du regard, les restes de jouvenceaux dans de jolis tons de dégradés verdâtres, à moities dévorés par le dragon. (non ce n’est pas du Tarentino…)
Le pire voyez vous c’est que tout ceci ne nous parait pas plus horrible que ça car de petites grenouilles et leurs copains les lézards jouent gentiment à cache cache au milieu du carnage…
A Venise la vie reprend toujours le dessus !
le deuxième panneau :
« le triomphe de Saint Georges » est plus festif :
Le monstre est ramené en ville tenu en laisse comme un gros chien, sous le regard bonhomme d’une foule enturbannée et parée de somptueux costumes orientaux .
A Venise on reste chic en toute circonstance !
Au centre de la scène objet de tous les regards, Saint Georges est très fringant.
l’épée sur l’épaule, il pose dans une attitude de déhanchée très étudiée feignant la décontraction ( on pourrait même dire « qu’il se la pète grave »)
Tout ça participe à créer une impression de grand raout mondain en pleine scène religieuse mais…
A Venise l’un n’empêche pas l’autre !
Ah ces Vénitiens quel merveilleux sens de la légèreté
Comment ne pas succomber !
Après les voeux, les bonnes résolutions: Reprendre mon cher blog délaissé…